Botswana : des chasseurs-cueilleurs bushmen pris pour cible par la police

11 Août 2016

Les Bushmen sont considérés comme des criminels parce qu’ils pratiquent la chasse de subsistance. © Forest Woodward / Survival, 2015

Cette page a été créée en 2016 et pourrait contenir des termes à présent obsolètes.

Un hélicoptère de la police botswanaise, dans le cadre d’une patrouille pour faire respecter l’interdiction de chasse, a tiré sur un groupe de Bushmen qui chassaient l’antilope pour nourrir leurs familles. Neuf Bushmen ont été arrêtés, puis dénudés et battus alors qu’ils se trouvaient en garde à vue.

Le droit des Bushmen à vivre sur leurs terres ancestrales situées dans la Réserve du Kalahari central et à y chasser avait été reconnu en 2006 par la haute Cour botswanaise.

Pourtant, le gouvernement continue à les considérer comme des ‘braconniers’ et utilise à présent des technologies militaires de pointe pour les persécuter et les empêcher de poursuivre leur mode de vie. Cette militarisation des mesures mises en place pour protéger l‘environnement reflète une tendance mondiale qui préoccupe de nombreux activistes des droits humains.

En plus des hélicoptères, le Botswana utilise également des avions équipés de détecteurs de chaleur ainsi que des gardes armés – soit-disant pour réprimer les braconniers. Pourtant, les terres des Bushmen ne sont pas inhabitées et il n’y a ni éléphants ni rhinocéros vivant sur la réserve – qui avait été établie pour permettre aux Bushmen de continuer à chasser.

Selon Phil Marshall, expert en écologie, ‘Il n’existe pas d’espèce rare dans la partie sud de la réserve. Néanmoins, le gouvernement persiste à mettre en place des mesures répressives pour ’protéger’ les terres dont les Bushmen dépendent et qu’ils gèrent depuis des millénaires.

La situation est telle qu’ils sont accusés de ‘braconnage’ lorsqu’ils pratiquent la chasse de subsistance, et ils risquent d’être arrêtés, battus, torturés et même tués, alors que les chasseurs de trophée sont encouragés.

En 2014, le Botswana avait annoncé une interdiction de chasse au niveau national. Bien que le gouvernement ait réprimé les Bushmen pour avoir pratiqué la chasse de subsistance, les riches touristes sont toujours autorisés à chasser le gros gibier.

© Philippe Clotuche/Survival

Jumanda Gakelebone, un porte-parole bushman, a déclaré : ‘Maintenant qu’ils utilisent des avions, cela devient difficile de survivre pour tout le monde’.

Un autre Bushman, qui souhaite garder l’anonymat, a témoigné : ‘Les gens sont très en colère contre le gouvernement. Ils ont décidé qu’ils feraient tout pour aller devant la Justice. Nous n’avons pas confiance dans ce gouvernement… Nous condamnons fermement cet incident et nous appelons la communauté internationale à intervenir. Le gouvernement lutte toujours contre les Bushmen, malgré ce qu’il prétend’.

Ces nouveaux procédés sont similaires à ceux utilisés dans le parc national de Kaziranga en Inde, où 62 exécutions extrajudiciaires ont eu lieu en 9 ans, et où des gardes du parc ont récemment tiré sur un garçon de 7 ans.

Survival a fait état de dizaines de cas de violations des droits des Bushmen par des gardes anti-braconnage dans la réserve du Kalahari. Or, cibler les chasseurs autochtones dévie l’attention de la lutte contre les véritables braconniers – des criminels qui complotent avec des fonctionnaires corrompus.

Plus tôt en 2016, Survival a lancé une campagne à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays, soutenue par des personnalités telles que Gillian Anderson, Mark Rylance, Julian Lennon ou encore Quentin Blake. Elle exhorte le gouvernement à permettre aux Bushmen de retourner sur leurs terres ancestrales, au lieu de leur en interdire l’accès au nom de la protection de la vie sauvage. Des études démontrent que les peuples autochtones savent, mieux que quiconque, prendre soin de leur environnement. Ils sont les meilleurs défenseurs de l’environnement et gardiens du monde naturel.

Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré : ‘Comme si les Bushmen n’avaient pas assez souffert, ils doivent maintenant vivre avec le risque que la police leur tire dessus depuis un hélicoptère. Le Général Khama et son gouvernement devraient avoir honte de mettre en place de telles mesures, qui sont brutales et illégales. Les grandes organisations de protection de la nature devraient également avoir honte de ne pas se prononcer contre de telles mesures. ’Tirer à vue’ est immoral, et porte préjudice au mouvement de protection de la nature. Prendre les chasseurs autochtones pour cible porte aussi préjudice à ce mouvement. Combien de personnes devront perdre la vie avant que les défenseurs de l’environnement ne s’en rendent compte?’

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